jeudi 27 décembre 2007

Le NESARA



Le NESARA (National Economic Security and Reformation Act) est, selon les adeptes du Nouvel Age, une charte votée en mars 2000 par le Congrès des Etats-Unis et transformée officiellement en loi fédérale par le président Bill Clinton le 10 octobre 2000, trois mois avant son départ de la Maison-Blanche. Il s’agit donc d’un document à caractère politique, mais d’orientation à la fois économique, sociale, éthique, et même spirituelle, conçu pour s’appliquer d’abord à l’Amérique et aux Américains, puis à l’ensemble des peuples de la terre. (Ariane)

Le NESARA préconise notamment :

L’effacement complet de l’endettement des plus pauvres consécutif à leur recours excessif au crédit et aux cartes bancaires (car l’enrichissement des banques sur le dos des pauvres est considéré par les auteurs du NESARA comme un crime contre l’humanité).

L’abolition de l’impôt sur le revenu (qui est lui-même considéré comme une atteinte à la liberté de travailler et d’entreprendre).

La création d’une nouvelle monnaie indexée sur l’or, pour éliminer les fraudes et les tricheries issues de la monnaie électronique.

L’établissement d’un système juridique et judiciaire équitable envers tous.

La priorité absolue à accorder au combat politique en faveur de la paix dans le monde (la guerre n’étant légitimée qu’en tant que recours ultime et dans le seul cas de légitime défense).

L’objectif de restauration de la santé et de la prospérité pour l’ensemble des habitants, incluant la recherche de moyens adaptés et gratuits pour aider les plus démunis.

La mise en place de nouveaux gouvernements ayant pour première mission d’imposer le commerce équitable et d’organiser la solidarité et l’entraide entre les hommes et entre les peuples.

L’élimination des groupes élitistes qui manipulent l’humanité et qui se présentent au monde comme les tenants du "Nouvel Ordre Mondial".

La révélation de nos origines et de notre prédestination divines.

La révélation de l’existence de relations secrètes entre certains gouvernements de la Terre et certains peuples extraterrestres.

La révélation de l’existence et de la mission de nos Frères de la Lumière (Maîtres Ascensionnés) et de nos Frères de l’Espace (représentants de l’administration centrale galactique auprès de l’humanité terrestre).
Source
Au-delà du voile des illusions et de la confusion, éditions Ariane.

Les adeptes du Nouvel Age seront déçus en découvrant que le véritable NESARA (en anglais) ne défend qu'une simple réforme fiscale :
http://www.nesara.org/
L’affaire NESARA (en français) :
http://conspiration.ca/conspir/nesara_fraude_cosmique.html

dimanche 18 novembre 2007

LES MAITRES DU MONDE



Cette vidéo est un cri d’alarme à prendre au sérieux.
Auschwitz n’aurait pu exister sans l’abjecte subordination à l’autorité que l’on inculque dès la prime enfance. L’obéissance est la tare originelle d’une humanité déchue.

La lobotomie d’une grande partie des spiritualistes s’effectue dans des centres consacrés au bouddhisme à l’aide de pratiques dévoyées. Il est important de comprendre que la méditation n’est pas dénuée de risques (
Les dangers de la méditation). En outre, au cours d’un processus involutif, le bouddhisme s’est transformé en religion. Les pratiques cultuelles et la soumission au lama exigée par le Vajrayana ne s’accordent pas avec le Bouddha qui a dit :

" Soyez votre propre lampe, votre île, votre refuge. Ne prenez pas de refuge extérieur. "

Au 18ème siècle, le curé du village champenois d’Etrépigny, Jean Meslier, n’était pas dupe sur la complicité qui règne entre la religion et la politique :

" Elles s’entendent comme deux coupeurs de bourse. […] La religion soutient le gouvernement politique, si méchant qu’il puisse être. Le gouvernement politique soutient la religion, si sotte et si vaine qu’elle puisse être. "

Le prêtre dénonce également l’appropriation individuelle des biens et des richesses de la terre. Dans son
Testament (Voltaire publiera des extraits du texte) Meslier s’adresse au peuple :

" Votre salut est entre vos mains. Votre délivrance ne dépendrait que de vous, si vous saviez bien vous entendre tous. […] Unissez-vous donc, peuples, si vous êtes sages. […] Commencez d’abord par vous communiquer secrètement vos pensées et vos désirs. Répandez partout, et le plus habilement que faire se pourrait, les écrits semblables à celui-ci, par exemple, qui fassent connaître à tout le monde la vanité des erreurs et des superstitions de la religion et qui rendent partout odieux le gouvernement tyrannique des princes et des rois de la terre. "

samedi 13 octobre 2007

La morale anarchiste de Kropotkine

Pierre Kropotkine dénonce aussi bien les morales bouddhiste et judéo-chrétienne (modèles d’une vie amputée) que les " pourritures fin-de-siècle " (modèle d’une vie dégénérée).

" Cette morale n’ordonnera rien. Elle refusera absolument de modeler l’individu selon une idée abstraite, comme elle refusera de le mutiler par la religion, la loi et le gouvernement. Elle laissera la liberté pleine et entière à l’individu. Elle deviendra une simple constatation de faits, une science.

Et cette science dira aux hommes : Si tu ne sens pas en toi la force, si tes forces sont juste ce qu’il faut pour maintenir une vie grisâtre, monotone, sans fortes impressions, sans grandes jouissances, mais aussi sans grande souffrances, eh bien, tiens-t’en aux simples principes de l’équité égalitaire. Dans des relations égalitaires, tu trouveras, à tout prendre, la plus grande somme de bonheur possible, étant donné tes forces médiocres.

Mais si tu sens en toi la force de la jeunesse, si tu veux vivre, si tu veux jouir de la vie entière, pleine débordante – c’est-à-dire connaître la plus grande jouissance qu’un être vivant puisse désirer -, sois fort, sois grand, sois énergique dans tout ce que tu feras.

Sème la vie autour de toi. Remarque que tromper, mentir, intriguer, ruser, c’est t’avilir, te rapetisser, te reconnaître faible d’avance, c’est faire comme l’esclave du harem qui se sent inférieure à son maître. Fais-le si cela te plaît, mais alors sache d’avance que l’humanité te considérera petit, mesquin, faible, et te traitera en conséquence. Ne voyant pas ta force, elle te traitera comme un être qui mérite de la compassion – de la compassion seulement. Ne t’en prends pas à l’humanité si toi-même tu paralyses ainsi ta force d’action.

Sois fort, au contraire. Et une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise – une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte, c’est la vie, d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais.

Lutte pour permettre à tous de vivre de cette vie riche et débordante, et sois sûr que tu trouveras dans cette lutte des joies si grandes que tu n’en trouverais pas de pareilles dans aucune autre activité.

C’est tout ce que peut te dire la science de la morale. A toi de choisir. "


Existe-t-il encore des SOHEI dans les monastères d’Asie ? Des moines guerriers, bodhisattva et preux chevaliers de l’éternel dharma, combattront-ils les prédateurs capitalistes, les maîtres du monde et leurs valets obséquieux ?




vendredi 12 octobre 2007

Le paradis libertaire





Le livre d’Erik Sablé, Sagesse libertaire taoïste, Editions Dervy (Paris 2005) aide à s’affranchir des illusions de l’Ego et de l’arbitraire de la société :

Le taoïsme n’est pas simplement une philosophie chinoise un peu particulière ou une mystique iconoclaste, il développe aussi des idées très précises sur l’organisation politique de la société.

En fait, dans les écrits de Lao Tseu, ou de Tchouang Tseu, ces différents domaines sont étroitement imbriqués et le vécu le plus spirituel se reflète toujours dans le monde concret. Mystique et politique sont indissociables et la sagesse taoïste s’applique directement au gouvernement des peuples. Cependant, les commentateurs occidentaux ont presque toujours occulté, minimisé, rejeté ou même trahi l’aspect profondément libertaire de la pensée de Lao Tseu car elle rejette la plupart des "valeurs" fondatrices de notre monde contemporain. Lorsque l’on se familiarise avec cet aspect "politique" du taoïsme une chose devient évidente : dans toute l’histoire de l’humanité, aucune société n’a peut-être été plus éloignée de l’idéal taoïste que la nôtre.

"Ne rivalise pas" affirme le Tao Te King (8,66). Or, notre "société libérale avancée" exalte la compétition. Elle en fait même un "idéal moral", un principe de fonctionnement. Elle voit dans la rivalité sociale la clé d’une meilleure efficacité, une image de la sélection naturelle où ce sont, soit-disant, les plus aptes qui survivent.

"Fais en sorte que les rusés n’osent rien faire" demande le Tao Te King (3). Or, notre monde moderne est fait pour les rusés, les manipulateurs. Ce sont eux qui mènent le monde et comme le dit fort justement le philosophe Michel Onfray, on ne peut réussir en politique si l’on n’est pas un disciple du Prince de Machiavel qui combine, calcule, utilise avec cynisme.

"Garde le peuple du désir". Lao Tseu considère même que "le plus grand crime (est) d’exciter l’envie", "le plus grand malheur (est) d’être insatiable", "le pire fléau (est) l’esprit d’appétit" (46). Or, notre société exalte le désir par tous les moyens, suscite l’envie à tel point que désirer et consommer sont devenus synonymes de vivre. Et notre espace mental est constamment occupé par les publicités et autres artifices qui suscitent une multitude de désirs artificiels.

"Qui fait parade de soi-même est sans éclat" dit le Tao Te king. Or, notre société a le culte des idoles. Actrices, chanteurs, romanciers ou philosophes à succès, hommes politiques médiatiques constituent comme la quintessence de notre univers. Seul existe ce qui se montre, se voit, se déploie devant le regard de la multitude. Le secret, l’obscur, est méprisé, ignoré.
Le corollaire de cette parade médiatique est la "réussite sociale" qui est une des "valeurs" clé de notre monde moderne. Or Tchouang Tseu critique avec virulence l’homme qui " considère que la réussite sociale est un signe d’intelligence et l’échec social en signe de stupidité, que le succès est un honneur et l’insuccès une honte".

On croirait que la parole de Tchouang Tseu s’adresse à l’un de ces hommes d’affaires médiatiques qui répand son idéologie de "gagnant". Un de ces hommes qui s’est laissé "gonflé par l’ambition", la quête éperdue et finalement suicidaire (du point de vue de la nature profonde de l’être humain) de la "dignité, la richesse, l’autorité, le renom…" (T.T. p.192). Car, selon la parole de Lao Tseu, "un de tous les instruments de mort, l’ambition est la plus meurtrière".

En revanche, être "content de son sort", sans ambition, est devenu, dans la société actuelle, une faiblesse inadmissible, incompréhensible.

"Quiconque veut s’emparer du monde et s’en servir court à l’échec… qui s’en sert le détruit, qui s’en empare le perd"… enseigne Lao Tseu (29). Or, l’homme occidental obéit à la croyance pernicieuse que les choses se font grâce à lui, pour lui ; que la volonté est libre, toute puissante et peut ployer les événements, contraindre les êtres.

Finalement, cet homme en arrivera à "s’ériger en maître du monde et obligera les autres hommes à adopter ses jugements et à se sacrifier pour eux" (T.T. p.191).

Toutes les idéologies destructrices qui se sont toutes rapidement transformées en instruments de terreur obéissent à ce principe. Qu’il soit conduit par une "volonté de bien" ou la soif de pouvoir, l’homme qui veut s’imposer, diriger, se transforme en tyran et conduit la société à la destruction.


mercredi 16 mai 2007

ELOGE DE L’INUTILITE

Le Saint taoïste se place « au centre de l’anneau » et laisse les choses s’accomplir spontanément. Il se garde donc de servir le bien public : sainteté et utilité profane sont incompatibles. Après Lao tseu, qui affirmait que toute efficacité réside dans le vide et qu’il faut être sans mérite, Tchouang tseu proclame la valeur éminente de l’inutilité. Un arbre n’a de chance de grandir et de devenir vénérable que si son bois ne vaut rien au yeux du charpentier.

« A King-che dans le pays de Song, le terrain est très favorable aux catalpas, cyprès et mûriers. Dès que leur tronc atteint la circonférence d’un empan ou deux, ils sont abattus par des gens qui ont besoin de poteaux pour y attacher leurs singes ; ceux qui mesurent trois ou quatre brasses sont abattus pour servir de grosses poutres faîtières ; et ceux de sept ou huit brasses le sont pour les cercueils des nobles et des riches marchands, et c’est ainsi qu’au lieu de durer jusqu’au terme naturel de leur vie, ils se trouvent sous la hache du bûcheron une fin prématurée à mi-chemin de leur croissance : tel est le malheur que leur cause la bonne qualité de leur bois. De même, quand on offre les victimes au Fleuve pour l’apaiser, un bœuf qui a le front blanc, un porc qui a le groin proéminent, une fille qui a des hémorroïdes ne peuvent convenir : c’est ce qu’affirment les sorcières et les prêtres, et ces signes passent pour être néfastes, mais aux yeux du sage, ils représentent au contraire une grande chance.

La montagne, par ses forêts, attire elle-même les fripons qui l’en priveront ; le suif, parce qu’il peut s’enflammer, se détruit lui-même ; c’est parce qu’il est comestible que le cassier est abattu ; c’est parce que son suc est utile que le laquier est incisé. Tous les hommes savent l’avantage d’être utile, ils ignorent l’avantage d’être inutile. »

Mais bien entendu l’utile et l’inutile sont de ces notions complémentaires que le Taoïste rejette. Au reste, il est constant qu’il ne suffit pas d’être bon à rien pour échapper au danger. L’inutilité taoïste est en quelque sorte du domaine de l’absolu :

« Comme Tchouang tseu voyageait dans une montagne, il vit un grand arbre à la frondaison magnifique. Des bûcherons qui étaient là semblaient le dédaigner. Il leur en demanda la raison. – Il n’est bon à rien, fut la réponse. Tchouang tseu dit alors : Cet arbre, parce que son bois n’est bon à rien, mourra de sa belle mort. Lorsqu’il eut quitté la montagne, le maître s’arrêta chez un vieil ami. Celui-ci, heureux de le voir, ordonna à un valet de tuer une oie et de la faire cuire. Le serviteur demanda : Laquelle faut-il tuer : celle qui sait caqueter ou celle qui ne sait pas caqueter ? – Tue celle qui ne sait pas caqueter, dit l’hôte. Le lendemain, les disciples demandèrent à Tchouang tseu : Cet arbre que nous avons vu hier dans la montagne, c’est parce qu’il n’est d’aucun usage qu’il mourra de sa belle mort ; et aujourd’hui cette oie de notre hôte, c’est parce qu’elle n’était d’aucun usage qu’elle a perdu la vie. Quel parti choisiriez-vous ? Tchouang tseu répondit en riant : Si je choisissais une attitude intermédiaire entre être bon à quelque chose et n’être bon à rien, j’aurais l’air d’être dans le vrai, mais ce ne serait pas le cas et serais assurément voué à des embarras. Mais pour qui vagabonde emporté par le Tao et par le Tö, il en est autrement : il ne connaît ni les éloges ni les blâmes, tantôt dragon, tantôt serpent, il se métamorphose en parfait accord avec le temps et ne consent pas à se spécialiser ; tantôt il s’élève, tantôt il s’abaisse en s’adaptant au rythme naturel. Il s’ébat à l’origine des choses. Celles-ci sont pour lui des choses, il n’est pas une chose pour les choses, aussi comment pourrait-il connaître les embarras ? Tel était le principe de conduite de Houang-ti et de chen-nong. Mais il n’en est pas de même pour les passions propres aux dix mille êtres, pour la morale commune. Toute union est vouée à la séparation, toute œuvre à la destruction, toute angle à l’aplanissement, toute élévation au renversement, toute activité à l’échec. Le talent suscite la jalousie, le manque d’intelligence la tromperie. Aucune de ces situations n’est préférable à une autre. Ah ! mes disciples, pensez-y : que le Tao et le Tö soient votre seul refuge ».

Max Kaltenmark

lundi 12 février 2007

La Controverse entre messire Pao et le Maître qui Embrasse la Simplicité


Maître Pao, lecteur assidu des oeuvres de Lao tseu et de Tchouang tseu, use de son habilité dialectique pour démontrer que les époques reculées sont supérieures aux temps présents, parce que les souverains y étaient inconnus. Voici les arguments qu'il développe dans ses essais :

Les confucéens prétendent que l'Auguste Ciel, après avoir donné naissance au peuple, l'a doté d'un monarque. Mais le Ciel a-t-il une langue pour prodiguer ses conseils ?


Les faibles se soumettent aux forts et les sots se laissent commander par les fourbes. Les rapports entre prince et sujets reposent sur cette soumission des faibles, comme le contrôle des masses ignorantes sur celle des sots. Ainsi esclavage et la corvée sont l'expression d'un rapport de force et d'intelligence entre les hommes où l'Azur n'a aucune part.


Dans l'indistinction primordiale l'absence de différenciation était la règle et la foule des êtres vivants trouvait sa joie dans la satisfaction de ses instincts. Il n'est pas dans la volonté des canneliers d'être écorcés ni dans celle des arbres à laque d'être incisés. Les oiseaux ont-ils demandé que l'on arrache leurs plumes ? Est-il dans la nature du cheval d'être poussé par le mors et la cravache et dans celle du bœuf d'être plié au joug ? Les germes de la fausseté et de l'artifice sont nés de là. On utilise la force des animaux, faisant ainsi violence à leur être. On tue la vie pour façonner des objets inutiles; on attrape oiseaux et quadrupèdes pour se pourvoir en brimborions. On transperce des nez que la nature a créés intacts, on ligote des pattes que le ciel a faites libres. Est-ce le désir de la myriade des créatures ?


On accable de corvées la multitude afin qu'elle assure l'entretien des officiers. Les nobles ont des prébendes tandis que le peuple vit dans la misère. Certes, un mort rappelé à la vie éprouve une grande joie ; mais n'est-il pas préférable de ne pas avoir traversé cette épreuve ? De même il vaut mieux ne pas avoir à les décliner que de refuser appointements et charges afin de se gagner une vaine gloire. La loyauté et l'équité ne resplendissent que dans un monde en proie aux convulsions. La piété filiale et l'amour parental ne brillent que lorsque les relations familiales se dissolvent.


Dans la haute antiquité il n'y avait ni prince ni sujets. On creusait des puits pour boire et l'on labourait la terre pour se nourrir. On réglait sa vie sur le soleil. On vivait dans l'insouciance sans jamais être importuné par le chagrin. Chacun se contentait de son lot, et personne ne cherchait à rivaliser avec autrui ni à exercer de charges. De gloire et d'infamie point. Nuls sentiers ne balafraient les montagnes. Ni barques ni ponts n'encombraient les cours d'eau. Les vallées ne communiquaient pas et personne ne songeait à s'emparer de territoires. Comme il n'existait pas de vastes rassemblements d'hommes la guerre était ignorée. On ne pillait pas les nids des oiseaux, on ne vidait pas les trous d'eau. Le phénix se posait dans la cour des maisons et les dragons s'ébattaient en troupeaux dans les parcs et les étangs. On pouvait marcher sur la queue des tigres et saisir dans ses mains des boas. Les mouettes ne s'envolaient pas quand on traversait les marais, lièvres et renards n'étaient pas saisis de frayeur quand on pénétrait dans les forêts. Le profit n'avait pas encore fait son apparition ; malheurs et troubles étaient inconnus. Lances et boucliers étaient sans emploi et il n'y avait ni murailles ni fossés. Les êtres s'abattaient dans l'indistinction et s'oubliaient dans le Tao, les maladies ne prélevaient pas leur lourd tribut sur les hommes qui tous mouraient de vieillesse. Chacun gardait sa candeur native sans rouler dans son cœur de froids calculs. L'on bâfrait et l'on s'esclaffait ; on se tapait sur le ventre et on s'ébaudissait. La parole était franche et la conduite sans façons. Comment aurait-on songe à pressurer les humbles pour accaparer leurs biens et à instaurer des châtiments afin de les faire tomber sous le coup de la loi ?


Puis la décadence vint. On recourut à la ruse et à l'artifice. Ce fut la ruine de la vertu. On instaura la hiérarchie. On compliqua tout avec les génuflexions rituelles, les salamalecs et les prescriptions somptuaires. Les hauts bonnets de cérémonie et les vêtements chamarrés apparurent. On empila la terre et le bois en des tours qui percèrent la nue. On peinturlura en émeraude et en cinabre les poutres torsadées des palais. On arasa des montagnes pour dérober à la terre ses trésors, on plongea au fond des abysses pour en ramener des perles. Les princes rassemblèrent des monceaux de jade sans réussir à satisfaire leurs caprices, ils se procurèrent des montagnes d'or sans parvenir à subvenir à leurs dépenses. Vautrés dans le luxe et la débauche, ils outrageaient le fond primitif. L'homme s'éloigne chaque jour davantage de ses origines et tourne le dos un peu plus à la simplicité première. Que le prince prise les sages, et le peuple cherche à se faire une vaine réputation de vertu, qu'il convoite les biens matériels et il favorise la rapine. Car dès lors que l'on fait miroiter des objets susceptibles d'attiser les convoitises on ruine l'authenticité que l'homme abrite en son sein. Pouvoir et profit ouvrent la voie à l'accaparement et à la spoliation. Bientôt l'on se met à fabriquer des armes tranchantes, déchaînant le goût de la conquête. On craint que les arcs ne soient pas assez puissants, les cuirasses assez solides, les lances assez acérées, les boucliers assez épais. Mais sans guerres ni agressions tous ces engins de mort seraient bons à mettre au rebut.


Si le jade blanc ne pouvait être brisé y aurait-il des tablettes de cérémonie ? Si le Tao n'avait pas périclité, aurait-on eu besoin de se raccrocher à la bonté et à la justice ? C'est ainsi qu'il fut possible aux tyrans Kie et Tcheou et à leurs émules de faire griller leur prochain à petit feu, de mettre à mort ceux qui leur adressaient des remontrances, de couper en rondelles les princes feudataires, de transformer en hachis les chefs territoriaux, de disséquer le cœur des sages et de scier les jambes de qui bon leur semblait ; ils se livrèrent aux pires excès de la barbarie, allant jusqu'à inventer le supplice de la poutre ardente. Si de tels individus étaient restés de simples particuliers, même dotés du plus mauvais fond et des désirs les plus monstrueux, jamais il ne leur aurait été loisible de se livrer à de telles exactions. Mais du fait qu'ils étaient princes, ils purent donner libre carrière à leurs appétits et lâcher la bride à leurs vices, si bien qu'ils mirent l'empire à feu et à sang. Ainsi l'institution des monarques est la cause de tous les maux. Comment agiter les bras quand ils sont pris dans les fers et faire preuve de résolution quand on se morfond dans la boue et la poussière ? Prétendre apporter la paix grâce aux rites et corriger les meurs par les règlements, dans une société où le maître des hommes tremble et se tourmente en haut dans son palais tandis qu'en bas le peuple se débat dans la misère, me semble aussi vain que de vouloir endiguer les eaux du déluge avec une poignée de terre et obstruer avec le doigt la source jaillissante et insondable d'où proviennent les océans !



ELOGE DE L'ANARCHIE PAR DEUX EXCENTRIQUES CHINOIS Polémiques du troisième siècle traduites et présentées par Jean Levi



dimanche 11 février 2007

René Guénon et le soufisme

René Guénon n'avait pas de disciple. Mais comme le dit le philosophe Persan Omar Khayyam : "Les vrais maîtres n'ont pas besoin de disciple !"
La société occidentale est malade. Rongée par l'ultra "libéralisme", la corruption des "élites", la paupérisation des peuples, la barbarie de l'intégrisme religieux. On cherche des coupables. On refait le coup du "Protocole des sages de Sion". L'islamophobie se développe sur Internet. En réalité, ceux qui attisent la haine appliquent le vieux précepte "diviser pour régner".
Un texte du bouddhisme tantrique,
le Kalachakra tantra, "nomme explicitement les leaders des trois religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) comme étant les adversaires du bouddhisme: "Adam, Hénoch, Abraham, Moïse, Jésus, celui en habit blanc (Mani), Mohamed et Mathani (le Mahdi)". Le tantra du Kalachakra les décrit comme "la famille des serpents démoniaques" (Shri-Kalachakra I. 154)." Source : Trimondi

SOUFISME et DZOGCHEN

Le Dzogchen était un enseignement très ésotérique au Tibet. Seule une élite pouvait se targuer d’en connaître les arcannes et la méthode secrète (et lumineuse) de Thögal.
Des adeptes occidentaux du Dzogchen, gratifiés d’expériences visionnaires, seront peut-être étonnés de savoir qu’en Asie Centrale, une école du soufisme utilisait elle aussi une méthode de contrôle spirituel liée aux photismes colorés.
« Il semble que Najmoddîn Kobrâ soit le premier d’entre les maîtres du soufisme à avoir fixé son attention sur les phénomènes de couleurs, les photismes colorés, que le mystique peut percevoir au cours de ses états spirituels », écrit Henry CORBIN dans son livre « L’homme de lumière dans le soufisme iranien ».
« De son côté, Sohravardi lui-même, à la fin du livre capital où il s’attache à réinstaurer la « théosophie orientale », donne une description détaillée des expériences de lumières, des photisme, que peut connaître le mystique », précise H. COURBIN.

La métaphysique orientale selon René Guénon, quelques définitions.

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